Rustre et Gentleman

Voici une anecdote point trop en l’honneur des joueurs d’échecs, sans doute, enjolivé par le temps et relevant plus de la légende que de la vérité historique. Mais même ainsi, ces anecdotes font partie de notre patrimoine et témoignent de la richesse de notre jeu et feront à jamais des Échecs le jeu des Rois et le Roi des jeux. Rassurez-vous les mœurs des joueurs d’aujourd’hui sont plus paisibles.

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Wilhelm Steinitz et son irascible adversaire Joseph Henry Blackburne

Wilhelm Steinitz avait, dit-on, la mauvaise habitude de cracher durant les parties autant pour gêner que déconcentrer ses adversaires, allant parfois jusqu’à cracher contre son adversaire. Durant le Tournoi de Paris de 1867, Joseph Henry Blackburne, gentleman très british, ne put supporter un tel affront et se fit justice en balançant le gros Steinitz par une fenêtre. Fort heureusement pour le fondateur des Échecs modernes, la salle de jeu était au premier étage et le rustre se sortit indemne de l’aventure.

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Réponse indignée du bon vieux Steinitz à Leopold Hoffer de l’International Chess Magazine : « Permettez-moi de vous dire que vous mentez délibérément, avec votre accoutumée insolence mensongère. Voici ma version : depuis des années, Blackburne est connu pour ses crises de canaillerie sur le même principe que les vôtres et de toute votre clique. En 1867, au cours d’une dispute entre nous, il me frappa en plein visage, me laissant à moitié knock-out et l’œil au beurre noir. C’est un homme puissant, faisant quasiment le double de ma taille et il aurait pu me tuer en quelques coups et je suis fier de dire que j’eus le courage de tenter de lui cracher au visage et j’aurais souhaité y parvenir. Une autre fois, à Paris, nous occupions des chambres voisines dans le même hôtel. J’étais déjà couché quand il vint, ivre, me chercher querelle et après quelques échanges de mots, il se jeta sur moi et me martela le visage. Ma chemise de nuit et le lit étaient couverts de sang. Mais enfin, j’eus la bonne fortune d’échapper à son emprise d’ivrogne. Le repoussant, il alla fracasser la vitre de la fenêtre, ce qui eut pour effet de le dégriser un peu. Et vous savez bien que cet héroïque Blackburne a accompli un similaire acte de bravoure sur un jeune homme malade, M. Israël, qui mourut quelques années plus tard, qu’il balança son poing à Gunsberg et vous savez aussi que ce galant Blackburne a frappé de la même manière en public, Mr Walker le secrétaire du City of London Chess Club, le plus agréable petit monsieur que j’ai jamais rencontré et qui a encore une tête et des épaules de plus petite taille que moi. Voilà l’homme courageux que vous voulez glorifier à mes dépens, cet homme qui n’eut jamais le courage, à ma connaissance, de s’attaquer à un homme de sa taille ! »

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