Les Échecs Médiévaux
De l’Inde vers la Perse, puis du monde islamique vers l’Occident chrétien, les pérégrinations du jeu d’Échecs s’étendent sur près de cinq cents ans. Mille ans seront nécessaires pour en fixer définitivement les règles. Au cours de ce millénaire, une double évolution transformera profondément le jeu : d’abord, l’évolution des pièces, pour les rendre conformes à la symbolique de la société médiévale ; ensuite celle des règles, pour rendre le jeu plus rapide.
En adaptant certaines pièces, les Occidentaux ne changent pas les règles techniques du jeu, mais sa dimension symbolique. Dans le jeu arabo-persan s’affrontent deux armées, avec ses chars, sa cavalerie, son éléphanterie. En Occident, ce ne sont plus deux forces militaires, mais plutôt deux cours qui se font face : le vizir devient reine ; l’éléphant, un évêque ou un fou ; le cavalier, chevalier ; le char, roc puis tour. Seul le roi et le pion, les deux extrêmes de la société, le suzerain et le peuple laborieux, ne changent pas. En fait, la modification la plus importante intervenue au cours des aventures et mésaventures du jeu fut l’introduction de l’élément féminin, la reine, qui s’imposa à la fin du Moyen Âge.
La marche médiévale apparaît comme l’esquisse des règles contemporaines. Elle se caractérise essentiellement par la limitation des déplacements. L’accroissement de la mobilité des pièces constituera une grande révolution pour les échecs à la Renaissance. L’évolution des règles visera à accélérer les parties, trop lentes et parfois ennuyeuses, notamment lors de l’ouverture, du jeu médiéval.