La méthode Dorfman, partie 1

Deuxième soirée d’étude réussie à l’Échiquier Bisontin : huit participants réunis autour de la méthode de Dorfman. Après une présentation du thème, nous avons analysé quelques positions pour mettre en pratique les principes abordés. L’échange a été riche, chacun apportant sa réflexion. La soirée s’est poursuivie dans la convivialité autour d’une pizza et quelques parties amicales. Une belle dynamique se confirme avec une moyenne de 10 participants sur les deux premières sessions.

 
 

Dans son livre La Méthode aux Échecs paru en 1998, Iossif Dorfman propose d’analyser une position selon des facteurs statiques et dynamiques au moment d’une position critique.

LA POSITION CRITIQUE est une position où l’on a la possibilité de transformer, de modifier la position selon un de ces critères :

  1. Position dans laquelle il faut se décider pour un possible échange. Si l’échange est obligatoire, forcé, ce n’est pas une position critique.
  2. Position où il faut se décider pour une possible modification de la structure de pion, surtout des pions centraux.
  3. La fin d’une série de coups forcés.

Après avoir déterminé la position critique, il est nécessaire de dresser un bilan de la position selon ces deux aspects pour savoir s’il faudra utiliser des moyens statiques ou dynamiques dans la suite du jeu :

L’ASPECT STATIQUE : ce sont les facteurs de longue durée (roque détruit, pions doublés, isolés, une pièce est statiquement mauvaise s’il n’est pas possible d’améliorer sa position indépendamment des pièces et pions adverses). Si la position est favorable statiquement, on obtiendra le gain à long terme donc il ne faut pas basculer la position, mais conserver globalement ces facteurs en améliorant progressivement sa situation.

L’ASPECT DYNAMIQUE : ce sont les facteurs provisoires (Roi non roqué, modification du rapport matériel, prise de l’initiative, modification de la structure de pion) qui vont disparaître rapidement si on ne les utilise pas aussitôt et il faut, dans ce cas, basculer la position. Si pour un des joueurs le bilan statique est négatif, il doit appliquer sans hésitation des moyens dynamiques extrêmes. L’attente est telle une mort. Dorfman propose de classer les facteurs statiques dans l’ordre d’importance suivante :

  1. La position du Roi : faiblesse irréparable de sa position (pas d’abri sur l’échiquier possible, mais si le Roi reste au centre, cela ne signifie rien s’il peut trouver un abri sûr), Roi mal protégé, armature du roque affaibli, attaque sur le roi. Dorfman, I – Cifuentes Parada, R 1-0 Dans cette position, Cifuentes reprend du pion dans l’idée de renforcer le pion isolé central. Une faute grave selon Dorfman, car le Roi noir devient faible statiquement. La reprise avec la dame conservait l’équilibre statique.
  2. Le rapport matériel des forces, vu essentiellement sous l’angle du Fou : un Fou est généralement supérieur au Cavalier, deux Fous supérieurs aux deux Cavaliers, le tandem Tour-Fou coopèrent mieux que Tour-Cavalier, par contre l’association Dame-Cavalier est supérieure au binôme Dame-Fou. Par conséquence, l’échange du Fou contre le Cavalier n’est pas de mise dans la première phase du jeu et doit être envisagé uniquement quand la structure de pions est fixée.
  3. Qui a une meilleure position après l’échange des Dames ? Á qui profite cet échange ? Qui aura une meilleure finale ? Une position statiquement faible du Roi ennemi exige le passage en finale.
  4. La structure de pions : évaluer la position en fonction de la présence ou non de pions doublés ou triplés, d’un pion passé protégé, du nombre d’îlots de pions, d’une chaîne de pions compacts, des pions pendants, davantage de pions au centre, d’une majorité de pions à l’aile Dame, des cases faibles, de pions isolés ou arriérés.

Dans cette position, Cifuentes reprend du pion dans l’idée de renforcer le pion isolé central. Une faute grave selon Dorfman, car le Roi noir devient faible statiquement. La reprise avec la dame conservait l’équilibre statique.

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