Échecs et réussite
Charles Aznavour posant, en 1960, devant un échiquier pour la pochette d’un 45 tours. Jouait-il aux échecs ? Sans doute car, pour fêter dignement ses 92 ans, la mission d’Arménie à Genève lui offrit en cadeau un jeu en marbre, que le chanteur moqua gentiment : « Je ne comprends pas pourquoi on offre un jeu d’échecs a quelqu’un qui a réussi sa vie. »
Charles Aznavour, le célèbre chanteur français d’origine arménienne, a effectivement exprimé sa passion pour le jeu d’échecs dans une interview du magazine Chess Arménie, le 3 février 2014, lors d’une visite au tournoi d’échecs de Zurich. « C’était il y a 30-35 ans, je jouais aux échecs comme un fou. Le poète Missak Manouchian¹ m’a appris à jouer aux échecs. Pendant la guerre, lorsque les Allemands occupèrent Paris, Manouchian¹ vivait chez nous. Nous ne pouvions pas quitter la maison, nous devions faire quelque chose, et Missak m’a appris à jouer. »
Le jeu, avec ses exigences de réflexion, lui permettait de détourner son attention avant de monter sur scène.
¹ Manouchian, orphelin du génocide des Arméniens, dirigea d’août à novembre 1943, les FTP-MOI qui menaient la lutte armée dans la capitale. Il sera fusillé au Mont-Valérien, le 21 février 1944. Missak lui appris les règles, et disputa de nombreuses parties, sans jamais lui avouer la véritable raison de sa présence et celle de Mélinée, sa femme, chez ses parents.