Caïssa, déesse des échecs
Les joueurs d’échecs ont eux aussi leur divinité, Caïssa, figure mythologique créée dans le contexte de l’histoire des échecs. Elle fut imaginée pour ajouter une dimension mythique au jeu par le poète anglais Sir William Jones au XVIIIe siècle, mais n’existait pas dans la mythologie antique. Les origines indiennes de notre jeu ne satisfaisaient guère alors ces époques empreintes de culture grecque et latine. De plus, les échecs n’étaient pas en odeur de sainteté au regard de l’Église et en chercher des racines antiques leur apportaient quelques lettres de noblesses et respectabilité.
Le concept de Caïssa trouve son origine dans un poème en vers intitulé Scacchia Ludus publié en 1527 par Hieronymus Vida (Marco Girolamo Vida), qui décrit une partie d’échecs entre Apollon et Mercure en présence des autres dieux, et parmi eux une dryade d’échecs nommée Schacchia. Son nom semble apparaître pour la première fois en 1763 dans un poème du grand orientaliste anglais sir William Jones (1746-1794), Caïssa, or the Game of Chess, où Caïssa est présentée comme une nymphe grecque qui aurait inventé le jeu d’échecs (ou qui en aurait fait présent aux hommes) :
And fair Caissa was the damsel nam’d.
Mars saw the maid ; with deep surprize he gaz’d,
Admir’d her shape, and every gesture prais’d.
His golden bow the child of Venus bent,
And through his breast a piercing arrow sent.
Et la « belle Caïssa » était la demoiselle nommée.
Mars vit la jeune fille ; avec une profonde surprise, il la contempla,
Admira sa silhouette et chaque geste loué.
Son arc d’or, l’enfant de Vénus, banda,
Et à travers son cœur, une flèche perçante fut envoyée.
Caïssa, aimée de Mars, repousse les avances du dieu de la guerre. Rejeté, il implore l’aide d’Euphron, le dieu du sport (une invention de Jones), frère de Vénus. Euphron crée le jeu d’échecs comme un précieux cadeau pour conquérir le cœur de la belle Caïssa. Dans cette histoire, chaque pièce d’échecs représente un personnage de l’entourage de la déesse.