Jeu de guerre

jeu échecs poilu 14
Jeu d’échecs transportable utilisé par les soldats sur le front,vers 1915, bois, textile et toile, Salon-de-Provence, musée de l’Empéri.

Cet objet témoigne de l’attente interminable et de l’ennui qui pesaient sur les soldats dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Entre deux offensives, la vie des poilus se réduisait à une succession de longues heures d’inactivité, ponctuées seulement par les corvées ou les rares moments de courrier. Loin de l’image d’une guerre en mouvement, leur quotidien était souvent marqué par l’immobilité et la monotonie. Comme l’écrit Henry Lange, soldat français, dans une lettre du 5 octobre 1917 : « Rien à signaler aujourd’hui encore : nous vivons ici une vie assez monotone, qui se recommence chaque jour dans une campagne infiniment calme et reposante. » (Paroles de poilus, 2003).

Soldats jouant aux échecs dans un abri souterrain sur la ligne de front en France, Première Guerre mondiale, image stéréoscopique.

Pour rompre cette monotonie et garder un équilibre mental, les combattants inventaient mille manières de s’occuper. L’« art des tranchées » – ces objets façonnés à partir de douilles ou de morceaux de métal –, l’écriture de lettres, ou encore la tenue de journaux intimes étaient des moyens d’échapper à l’ennui et de préserver un lien avec la vie d’avant. Les jeux, eux aussi, avaient une place essentielle. Jouer aux cartes ou aux échecs, même sur un plateau de fortune tracé sur un morceau de tissu ou de carton, permettait de recréer une bulle de normalité, de maintenir l’esprit en éveil et parfois même de renforcer la camaraderie au sein de l’escouade.

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