Les pièces de Novgorod
La découverte de ces pièces montre la popularité du jeu dans l’ancienne république de la ville russe de Novgorod, bien que l’église l’ait déjà interdit au XIIIe siècle. Mais, parmi les passions que l’homme peut difficilement interdire, il y a le jeu d’échecs. L’Église orthodoxe russe, comme celle d’occident, a tenté encore et encore de garder ses ouailles loin du jeu, interdisant les échecs, même si ce n’était plus un jeu de hasard depuis 1286¹. La découverte de ces pièces vieilles de 600 ans à Novgorod prouve que ces efforts furent infructueux. Un des rois, probablement sculpté dans du genévrier, fut retrouvé à proximité de l’ancienne résidence de l’archevêque de la ville.
« Le fait que la figure finement sculptée ait été trouvée près de la résidence d’un ecclésiastique témoigne du fait que ce jeu était très populaire malgré l’interdiction », explique Elena Rybina de l’Université d’Etat de Moscou. « Selon les chroniques, le jeu à Novgorod est connu depuis 1280. Dans une fouille du XIIIe siècle, 13 pièces furent mises à jour et 46 au XIVe siècle. Le jeu arriva à Novgorod via l’Inde et l’Arabie, le prouvent les formes coniques des figurines courantes en Arabie. Les pièces européennes avaient par contre des caractéristiques clairement humaines ou animales. »
Novgorod était au Moyen-Age une république urbaine dotée de relations commerciales étendues. La ligue hanséatique y a conservé un de ses bureaux. Vraisemblablement, ce sont principalement les commerçants qui ont apporté le jeu avec leurs marchandises.
¹ À son arrivée en Europe, vers l’an 1000, les échecs se jouent encore avec des dés pour décider de la case où sera déplacée la pièce. Considérés alors comme un jeu de hasard, ils sont interdits par l’église.